« Petit train quand tu nous tiens », tombé dans la marmite des le plus jeune âge, le sort s’est acharné à me mettre en contact des ma naissance avec le chemin de fer. Ma maman m’a mis au monde à la maternité d’Haubourdin qui se situait sur la ligne de jonction de l’entrée sud du triage de La Délivrance, ce n’était que le début avec des grands parents vivant tant du côté paternel que maternel le longs de voies ferrées à Loos et à Santes près de Lille, puis ça s’est poursuivi avec mon entrée en CE2 à l’école primaire de Santes dont la cour donnait sur… la voie ferrée… J’en ai vu défiler des trains, des freinages stridents d’EAD, des manoeuvres de rames interminables de couverts à bogies du « Lever » avec le ronronnement sourd des Sulzer des BB63000, des UM de 66000 aux turbos sifflants refoulant des céréaliers, des RIO et VO2N avec des 16500, 66400 et 67400, les 12000, les longues rames de wagons Sernam « La Redoute », et même un temps les EAD postaux que je croisais en rentrant de l’école avec mon grand-père. Autant d’images inscrites à tout jamais dans ma mémoire.
Côté miniature, on va dire que là aussi, je suis tombé dedans petit, la faute à mon père et à son plus jeune frère. Mon père avait donc offert à son petit frère un train électrique qu’il m’a a son tour transmis vers mes 4 ou 5 ans, une 231C Jouef à moteur saucisson, des UIC-Y et quelques wagons marchandises, un « Disjoncta » 110V rebobiné en 220 par mon parrain, un ovale et quelques aiguillages « acier » toujours encrassés, puis très vite un coffret Lima avec un locotracteur et des wagons à l’arbre de Noël du boulot de mes parents et encore un autre coffret avec une 67000 Fobbi et quand j’avais bien travaillé à l’école, un wagon ou une maquette de bâtiment Jouef puis MKD et une loco à Noël. Bien sur comme beaucoup d’enfants, il y a eu aussi la période Lego, avec un train bien sur! Bien vite, ces trains miniatures m’ont fait m’intéresser à leur technique, mon grand père m’a donné son gout pour le bricolage et quelques notions d’électricité enrichie par mon parrain et bien entendu les cours de physique et de technologie au collège. Comme les modèles marchaient mal, je me suis vite mis à les bricoler, à les réparer, puis à les transformer et les repeindre. Je fréquentait régulièrement le magasin « Au Petit Train » à Lille Bd Victor Hugo, c’est là et par le biais de Loco-Revue que m’avais fait découvrir là encore le plus jeune frère de mon père que j’ai appris l’existence d’artisans, notamment un certain Gérard Huet, mais c’est une autre histoire qui elle m’a menée à devenir l’artisan que je suis aujourd’hui.
Chez mes parents hélas, ma chambre ne permettait pas d’installer de réseau, c’est à même la moquette que je m’adonnais à ma passion avec une grande boucle qui faisait le tour de la pièce et des voies de garage sous le lit qu’il fallait régulièrement démonter. Ce fut ainsi jusqu’à ce que je quitte le domicile parentale pour m’installer dans mon premier chez moi, pas bien grand lui non plus, mais assez tout de même pour enfin pouvoir y installer mon premier réseau. Vu la place disponible, pas question d’y installer une réseau bouclé, seul un point à point était possible et disposant déjà un beau parc de matériel moteur, c’est naturellement vers un dépôt que je me suis tourné. Ce dépôt ne reproduit rien de réél, il est inspiré de plusieurs réalisations vues dans Loco-Revue ou Le Train en particulier le dépôt de Philippe Vannier, le centre autorail de Michel Rambure ou encore le dépôt d’expo de l’AMFP-RATP. L’inspiration architecturale est tout naturellement de type Nord, période SNCF 1950/60.
Ce dépôt a eu l’honneur de faire l’objet d’un reportage paru dans Loco-Revue n°754. Le voici dans sa configuration initiale de 2005 à 2009:
En 2009, à l’occasion d’un déménagement permettant de disposer d’une pièce dédiée, le dépôt a été réinstallé et intégré dans un ensemble plus vaste, la partie à l’extrème droite avec le talus, le passage supérieur et la mini coulisse ont été déposé pour permettre de relier le dépôt à une double voie principale qui longe en contrebas ce premier ensemble pour plonger vers le niveau inférieur à gauche et enjamber un canal typique du Nord à droite avant d’entamer une grande courbe à 180° et entrer dans une gare de bifurcation. Le module du canal est doté d’un double pont cage (Apogée Vapeur) patiemment monté. J’ai cherché à restituer une ambiance typique du nord industriel, là aussi, bercé par les romans de Simenon et les adaptations à la télévision de Maigret (série des années 90 avec Bruno Crémer). La gare qui a terme recevra pour partie une caténaire 25kV évoque un bourg industriel de la périphérie d’une grande ville qui pourrait aussi bien être Lille que Valenciennes, Lens ou Douai. Je me suis toutefois largement inspiré des gares de Loos et Haubourdin. J’ai longtemps cherché un nom pour ce bourg, c’est finalement Dany Boon qui m’en a donné l’idée de part son dialogue avec Kad Merad dans Bienvenue chez les Chtis, et ses explications concernant les cats et les quiens et leur traduction en patois chats/chiens, cats/quiens, çà (celà)/siens cha/chien qui m’ont inspiré ce nom purement imaginaire de « Cahequien »!
Disposant de peu de temps, la construction de cette partie répartie en 6 autres modules et deux gares cachées au niveau inférieur s’est étalé sur 10 ans sans toutefois être achevées aujourd’hui. Un nouveau déménagement se profile et Cahéquien va être démonté pour renaitre dans quelques temps dans une pièce encore plus grande où je pourrai remettre à niveau les motorisations d’aiguillages obsolètes et peu fiables, allonger les quais et peut-être également construire un second dépôt bien plus conséquent tout en disposant d’accès plus aisé aux coulisses, bref une autre histoire à écrire dans les années à venir…